SOMMAIRE
– I - Présentation générale
– II - Les intervenants
– III - Résumés des conférences (incomplets, voir les abstracts complets dans l’article de présentation du colloque)
– IV - Synthèse transversale (plan seulement indiqué)
Présentation générale
Entre les 19 et 21 avril 2009, l’Université de Notre Dame à South Bend dans l’Etat de l’Indiana (USA) a accueilli une conférence internationale intitulée : "Qur’an in its historical Context". L’objectif de ce colloque était de mettre en lumière "les plus récentes théories, controverses et découvertes dans le domaine des études coraniques". Souhaitant être un lieu d’échange et de discussion, “The Quran in Its Historical Context" propose d’interroger le contexte d’émergence du Coran : notamment ses relations à la littérature biblique et parabiblique et son inscription dans le contexte historique large de l’antiquité tardive.
L’université
L’Université de Notre Dame a été fondée en 1842 par Edouard F. Sorin de la Congrégation de la Sainte-Croix. Située dans la ville de South Bend, c’est l’université catholique la plus connue des Etats-Unis. Elle abrite un département de théologie (Department of Theology) où enseigne le Professeur Gabriel Said Reynolds, concepteur et organisateur de ce colloque.
L’organisateur
Gabriel Said Reynolds (CV) est Professeur d’islamologie et de théologie à l’Université de Notre Dame (USA). Après des études à l’Université de Colombia, il poursuit son cursus à Yale où il obtient en 2003 son doctorat dans le département des études religieuses dans le cadre des études islamiques (Program in Islamic Studies, Department of Religious Studies).
Sélection bibliographique : - The Qur’ān in its historical context, Routledge, 2008 ; - A Muslim theologian in a sectarian milieu : ’Abd al-Jabbār and the Critique of Christian origins, Brill, 2004
Une Conférence précédente en 2005
Cette conférence fait suite à un colloque qui s’est tenu à Notre Dame et intitulé : "Towards a New Reading of the Qur’ān ?" (2 au 4 avril 2005) et dont les actes ont été publiés sous la direction de Gabriel Reynolds en 2007 pour les éditions Routledge sous le titre "The Qur’an in its Historical Context"
Les intervenants
Les intervenants sont répartis selon le nature principale de leurs interventions : soit une approche "méthodologique et herméneutique" soit une approche "interne et textuelle" ou soit une approche "externe et comparatiste".
1. Approche méthodologique et herméneutique
Fred M. Donner est professeur d’histoire médiévale, spécialiste de la période de formation de l’Islam. Il s’est intéressé notamment aux premières conquêtes islamiques. Fred M. Donner a obtenu son doctorat d’histoire à l’Université de Princeton en 1975. Il enseigne à l’université de Chicago depuis 1982 à l’institut oriental (Oriental Institute) Sélection bibliographique : - The expansion of the early Islamic state, Ashgate/Variorum, 2008 - Narratives of islamic origins : the beginnings of islamic historical writing, Darwin Press, 1998 - The Early Islamic conquests, Princeton university press / N.J
Robert G. Hoyland (né en 1966) est professeur des études arabe et Moyen-Orientale à l’Université de St. Andrews en Ecosse. Son champ de recherche couvre notamment la période de formation du Moyen-Orient islamique. Il poursuivit ses études jusqu’au doctorat à la "Pembroke College" dans le domaine de l’histoire islamique. Il a été également étudiant à la St. John’s College d’Oxford, fit ses recherches également à l’Institute for Advanced Study de Jérusalem. Sélection bibliographique - Muslims and others in early Islamic society, Ashgate, cop. 2004 - Arabia and the Arabs : from the Bronze Age to the coming of Islam, Routledge 2001 - Seeing Islam as others saw it : a survey and evaluation of Christian, Jewish, and Zoroastrian writings on early Islam, Darwin Press, 1997 - The Seventh century in the West-Syrian chronicles, Liverpool university press, cop. 1993 (Préface)
Andrew Rippin est islamologue spécialiste en particulier du Coran et de son exégèse. Il enseigne en tant que doyen à la Faculté de Victoria (Canada). Après avoir enseigné pendant 20 ans dans le Département d’études religieuses à l’Université de Calgary, Andrew Rippin rejoint l’Université de Victoria et le département histoire le 1er Juillet 2000, comme professeur et doyen de la Faculté des lettres. Son CV Bibliographie sélective : - Coming to terms with the Qur’an/A volume in honor of Professor Issa Boullata, McGill University, 2008 - (Editor), The Blackwell Companion to the Qur’an, Blackwell Publishers, 2006 - Classical Islam: a sourcebook of religious literature, co-edited with Norman Calder and Jawid Mojaddedi. London: Routeledge, 2003 - (editeur), The Qur’an: style and contents. Aldershot: Ashgate/Variorum, 2001 - Muslims, their religious beliefs and practices, second edition (two volumes combined in one with new material added). London: Routledge, 2001. - (editor), The Qur’an: formative interpretation. Aldershot: Ashgate/Variorum, 2000 - Textual sources for the study of Islam, co-edited with Jan Knappert. Manchester: Manchester University Press, 1986. Reprinted University of Chicago Press, 1990. - Muslims, their religious beliefs and practices, volume 1: The formative period. London, New York: Routledge, 1990. - (Editeur), Approaches to the history of the interpretation of the Qur’an. Oxford: Oxford University Press, 1988.
Nasr Abu Zayd est professeur de la pensée islamique à l’"University for Humanisitic" aux Pays-Bas et ancien professeur de littérature arabe à l’Université du Caire. En 1995, une cour d’appel du Caire ordonna à Abu Zaid de divorcer de son épouse car il fut faussement accusé d’apostasie. Cette décision fut sans aucun doute liée à ses travaux sur le Coran qui furent considérés comme blasphématoire. Sa femme et lui même vivent aujourd’hui aux Pays-Bas.
Son oeuvre s’oriente vers une réflexion herméneutique qui souhaite définir les conditions d’une interprétation moderne du Coran. Il participe entre autres au Groupe de travail sur l’islam et la modernité à l’Institut d’études avancées de Berlin (Wissenschaftskolleg zu Berlin). Sélection bibliographique - Rethinking the Qur’an: Towards a Humanistic Hermeneutics, Utrecht (Humanistics University Press) 2004. - Spricht Gott nur Arabisch? (Does God speak only Arabic?), in Michael Thumann (ed.), Der Islam und der Westen, Berliner Taschenbuch Verlag, Berlin 2003, pp. 117-26. - "The Dilemma of the Literary Approach to the Qurán", ALIF, Issue 22, the American University, Cairo 2003. - "How the West blunders on about Islam", Middle East Times, October 27 2002. - "Heaven, which way?" Al-Ahram Weekly, issue 603, 2002. - "The Qur’an: God and Man in Communication", inaugural lecture for the Cleveringa Chair at Leiden University (November 27th, 2000); http://www.let.leidenuniv.nl/forum/01_1/onderzoek/2.htm; - Entries in the Encyclopaedia of the Qur’ân: Arrogance, Vol. I, pp. 158-161; Everyday Life: Qur’an In, Vol. II, pp. 80-97; Illness and Health, Vol. II, pp. 501-502; Intention, Vol. II, pp. 549-551; Oppression, forthcoming.
Sidney Harrison Griffith est Professeur à la Catholic University of America au département de langue et littérature sémitique et égyptienne (Department of Semitic and Egyptian Languages and Literatures) à Washington. Il est un spécaliste de la culture syriaque médiévale, du monachisme chrétien (syriaque) et du dialogue inter-religieux.
Eléments biographiques Sidney H. Griffith est titulaire d’un doctorat d’étude médiévale arabe et syriaque à la CUA (1977) où il enseigne encore aujourd’hui. Sélection bibliographique The beginnings of Christian theology in Arabic : Muslim-Christian encounters in the early Islamic period, Ashgate/Variorum, 2002.
2. Approche interne et textuelle
Reuven Firestone est rabbin et professeur d’études médiévales juives et islamiques à l’Hebrew Union College - Jewish Institute of Religion à Los Angeles. Ses domaines de recherche sont l’Islam et ses relations avec les Juifs et le judaïsme, l’interprétation biblique de la Bible et du Coran et le phénomène de la guerre sainte. Reuven Firestone a servi pendant huit ans comme directeur d’instituts de l’HUC-JIR (l’Edgar F. Magnin et le Jerome Louchheim). Avant de rejoindre le corps professoral de l’HUC-JIR, il a enseigné à l’Université de Boston. Son CV en ligne. Sélection bibliographique - Jihād : the origin of holy war in Islam, Oxford University Press, 1999- Journeys in Holy lands : the evolution of the Abraham-Ishmael legends in Islamic exegesis, State univ. of the New York press, 1990
Gérard R. Hawting est professeur d’histoire du Proche-Orient médiéval à la School of Oriental and African Studies de l’Université de Londres. Il est spécialiste de la période de formation de l’Islam. Bibliographie sélective - The development of Islamic ritual, Ashgate, 2006 - The first dynasty of Islam, the Umayyad caliphate AD 661-750, 2nd ed, Routledge, 2000 - Studies in Islamic and Middle Eastern texts and traditions in memory of Norman Calder, Oxford University Press, 2000 - The idea of idolatry and the emergence of Islam, from polemic to history, Cambridge University Press, 1999 - Studies in early Islamic history, Hinds, Martin, Darwin Press, 1996 - The History of al-Ṭabarī, Taʾrīkh al-rusul waʾl-mulūk. 17, The first civil war Ṭabarī, Muḥammad ibn Ǧarīr Abū Ǧaʿfar al- (0839?-0923), State university of New-York / 1996- Approaches to the Qur’an, édité par A. Shareef, Routledge, 1993. - The first dynasty of Islam : the Umayyad caliphate A.D. 661-750, Southern Illinois University Press, 1987
Manfred Kropp est professeur d’islamologie et des études sémitiques de l‘Université de Mayence. Il est spécialiste d’études sémitiques et d’épigraphie arabe pré-islamique. En 2007-2008, il est professeur associé au Collège de France. né à Ludwigshafen, en République Fédérale d’Allemagne, en 1947, fut directeur de l’Institut Allemand des Études Orientales de Beyrouth de 1999 et jusqu’en 2007. Il a fait ses études en islamologie, histoire médiévale et études sémitiques aux universités de Heidelberg et de Paris. En 1975, il a obtenu son doctorat avec une thèse sur l’histoire arabe pré-islamique d’après les historiens musulmans (édition et commentaire d’un texte d’un auteur andalou du 13e siècle). En 1984 il a soutenu sa thèse de doctorat d’état avec une étude sur l’historiographie éthiopienne et sa tradition manuscrite. Il a été professeur d’études sémitiques à l’Université de Heidelberg de 1985 à 1989. À l’Université de Lund (Suède) il a occupé la chaire des études sémitiques de 1990 à 1991. Depuis 1991 il est professeur d’islamologie et des études sémitiques de l‘Université de Mayence. Bibliographie sélective - Un philologue lit le Coran (DVD) - Die Geschichte der "reinen Araber" vom Stamme Qahtān : Aus dem Kitāb Naswat at-tarab fi ta’rih gāhiliyyat al-’Arab des Ibn Sa’id al-Magribi hrsg. und übersetzt, eingeleitet und kommentiert. 2 . Übersetzung und Anmerkungen - Les origines du Coran (vidéos et textes des conférences au Collège de France) - Bibliographie étendue
Christoph Luxenberg est le pseudonyme d’un philologue allemand spécialiste du Coran. Il est l’auteur de Die Syro-Aramäische Lesart des Koran : Ein Beitrag zur Entschlüsselung der Koransprache (en français : Lecture syro-araméenne du Coran : une contribution pour décoder la langue du Coran), publiée en 2004 en allemand. "Il s’agit d’une étude philologique dans laquelle un certain nombre d’hypothèses sont étudiées, dont il ressort que les sources du Coran proviendraient de l’adoption de lectionnaires syriaques destinés à évangéliser l’Arabie." Bibliographie sélective The Syro-Aramaic reading of the Koran : a contribution to the decoding of the language of the Koran, H. Schiler, 2007 (version anglaise de l’ouvrage allemand) - Die syro-aramäische Lesart des Koran : ein Beitrag zur Entschlüsselung der Koransprache, 2., überarb. und erw. Aufl., Verlag Hans Schiler, cop. 2004.
Suleiman A. Mourad est Maître de conférence au département Religion du Smith College à Northampton (USA). Son projet de recherche actuel porte sur l’école de théologie Mu’tazila, en particulier son approche et sa méthodologie en matière d’exégèse coranique
Son CV en ligne. Bibliographie sélective - Early Islam between myth and history : Al-Ḥasan al-Baṣrī, d. 110H/728CE, and the formation of his legacy in classical Islamic scholarship, Brill, 2006. (compte rendu critique par Mathieu Tillier)
David S. Powers est Professeur d’Histoire et de Droit islamique à l’Université de Cornell (USA). Il reçut son doctorat à Princeton en 1979 et a commencé son enseignement la même année à l’Université de Cornell. Ses cours traitent de la civilisation, de l’histoire, du droit, et de la littérature classique de l’Islam. Ses recherches portent sur l’histoire du droit islamique et de son application dans les sociétés musulmanes. Il est l’auteur d’études sur le Coran et Hadith. Son CV.
Sélection bibliographique - Muhammad Is Not the Father of Any of Your Men: The Making of the Last Prophet, University of Pennsylvania Press, 2009. - Studies in Qur’an and hadīth : the formation of the Islamic law of inheritance, University of California Press, 1986.
Gerd Rüdiger Puin est un universitaire allemand, spécialiste en paléographie coranique. Il est professeur à l’Université de Saarland à Saarbrücken en Allemagne.Bibliographie sélective - Die dunklen Anfänge. Neue Forschungen zur Entstehung und frühen Geschichte des Islam ("l’obscure génèse" : nouvelles recherches sur les origines et l’histoire des débuts de l’Islam" Hans Schiller Verlag, 2005). - "Observations on Early Qur’an Manuscripts in Sana’a," in The Qur’an as Text, ed. Stefan Wild, , E.J. Brill 1996, pp. 107-111. Reprinted in What the Koran Really Says, ed. Ibn Warraq, Prometheus Books, 2002. - Der Dīwān von ʿUmar ibn al-Ḫaṭṭāb : ein Beitrag zur frühislamischen Verwaltungageschichte, [s. n.], 1970 - Die dunklen Anfänge : Neue Forschungen zur Entstehung und frühen Geschichte des Islam, Schiler, H, 2005 - T. 1, Selbstverlag des Orientalischen Seminars der Universität Bonn, 1973
Shawkat Toorawa est professeur associé de littérature arabe et d’études islamiques à l’Université de Cornell. Shawkat Toorawa est professeur associé de littérature arabe et d’études islamiques. Il a obtenu son doctorat en 1998 à l’Université de Pennsylvannie. Ses domaines de recherche sont centrés autour de la littérature arabe classique de la période médiévale, la poésie arabe moderne, le Coran, et l’océan Indien. Son CV en ligne. Sélection bibliographique : - Islamic Literatures: Writing in the Shade of the Qur’an. In Voices of Islam, vol. 4: Voices of Beauty, Art and Science, ed. Vincent Cornell (Westport, Conn.: Greenwood, 2006), 121–141; - Modern Arabic Literature and the Qur’an: Creativity, Inimitability… Incompatibilities? In Religious Perspectives in Modern Muslim and Jewish Literatures, ed. Glenda Abramson and Hilary Kilpatrick (London: RoutledgeCurzon, 2005), 239-257 [refereed].
Alford T. Welch est Professeur d’études d’histoire des religions à l’université d’Etat du Michigan. Il a obtenu son doctorat en sciences islamiques et langue arabe à l’Université d’Edinbourg en Ecosse en 1970. Il se consacre essentiellement à l’enseignement des religions comparées. Sélection bibliographique - "Kur’an" in Encyclopédie de l’Islam, 2e éd.
3. Approche externe et comparative
Emran el Badawi est doctorant au département des langues et civilisations moyen-orientale à l’Université de Chicago (USA). Un de ses domaines de recherche est une approche comparative de la littérature syriaque avec le Coran.
Christoph Luxenberg est le pseudonyme d’un philologue allemand spécialiste du Coran. Il est l’auteur de Die Syro-Aramäische Lesart des Koran : Ein Beitrag zur Entschlüsselung der Koransprache (en français : Lecture syro-araméenne du Coran : une contribution pour décoder la langue du Coran), publiée en 2004 en allemand. "Il s’agit d’une étude philologique dans laquelle un certain nombre d’hypothèses sont étudiées, dont il ressort que les sources du Coran proviendraient de l’adoption de lectionnaires syriaques destinés à évangéliser l’Arabie." Bibliographie sélective The Syro-Aramaic reading of the Koran : a contribution to the decoding of the language of the Koran, H. Schiler, 2007 (version anglaise de l’ouvrage allemand) - Die syro-aramäische Lesart des Koran : ein Beitrag zur Entschlüsselung der Koransprache, 2., überarb. und erw. Aufl., Verlag Hans Schiler, cop. 2004.
Devin J. Stewart est professeur associé d’arabe et d’études islamiques à l’Université Emory. Ses spécialités comprennent la loi islamique et la théorie juridique, l’islam chiite, le Coran, l’arabe et ses dialectes. Eléments biographiques CV en ligne Sélection bibliographique Ouvrage - Islamic Legal Orthodoxy: Twelver Shiite Responses to the Sunni Legal System, Utah University Press, 1998. Articles - "Blasphemy," "Blessing," "Curse," "Farewell," “Pit,” "Rhymed Prose," “Sex and Sexuality,” “Smell,” “Soothsayer,” “Teeth.” In Encyclopaedia of the Qur’an, 5 vols. Ed. Jane Dammen McAuliffe. Leiden: E.J. Brill, 2001-6. Vol. I, Pp. 235- 36, 236-37, 491-92; Vol. II, 178-80; Vol. IV, 100-4, 476-84, 580-85; Vol. V, 62-64, 78-80, 231-32. - "Saj` in the Qur’an: Prosody and Structure." Journal of Arabic Literature 21 (1990): 101-39. Réimprimer dans "The Qur’an: Style and Contents", The Formation of the Classical Islamic World, vol. 24. Brookfield, Vermont: Ashgate Variorum Press, 2000.
Ahmed Waleed est doctorant à l’Institut des études arabes et islamiques de Göttingen (Georg- August-Universität Göttingen, Seminar für Arabistik / Islamwissenschaft). Son domaine de recherche s’intéresse aux possibles analyses intertextuelles du texte coranique.
Clare Wilde est doctorante sous la direction du révérend Sidney H. Griffith ST. Licenciée d’études arabe et islamique (Pontifical Institute of Arabic and Islamic Studies / School of Theology and Religious Studies). Son sujet de doctorat est intitulé : “ The Qur’an in Early Melkite Texts.” Clare Wilde enseigne à l’Université de Georgetown.
Joseph Witztum est doctorant à l’Université de princeton sous la direction de Michael COOK. Son domaine de recherche est les relations supposées entre le Coran et la littérature chrétienne syriaque.
Résumés des conférences
Les résumés/abstracts des conférenciers sont disponibles sur le site de la conférence : quranconference.nd.edu
1. Approche Méthodologique et herméneutique
– Nasr Hamid Abu-Zayd: “The Multi-dimensional Quranic Worldview: Tartib al-Tilawa versus Tartib al-Nuzul ” (General lectures)
Nasr Hamid Abu-Zayd propose une réflexion herméneutique qui interroge "le monde du texte" coranique. Rappelant la distinction fondamentale entre entre le Tartib al-Tilawa (l’ordre et la structure coranique du muchaf) et le Tartib al-Nuzul (l’ordre chronologique de la révélation), il propose une lecture du Coran qui prend en compte ces deux dimensions. Cette prise en compte permettrait, selon lui, de traiter le Coran "en tant que collection de discours, dont chacun possède un certain degré d’indépendance. Ensemble rassemblé, il ressort un état d’interdépendance qui formule une vision du monde".
Pour aller plus loin : RICOEUR (Paul), Du texte à l’action. Essai d’herméneutique, II, Paris, Seuil, (« Esprit »), 1986, 405 p. ISBN 2-02-009377-4 (voir notamment la notion de "monde du texte" p. 112-115).
– Robert Hoyland: “The Earliest Written Evidence of the Arabic Language and Its Importance for the Study of the Quran” (General lectures)
RH montre comment l’épigraphie peut aider à la compréhension et à l’étude du Coran notamment dans les domaines de la langue et l’écriture. Si la langue syriaque a souvent été utilisée pour comprendre certains termes obscurs, les différentes inscriptions de dialectes pré-islamiques d’Arabie du nord (attestées par des dizaines de milliers de graffiti) montre qu’il peuvent constituer une base utiles de comparaison pour comprendre le Coran. Leur proximité avec la langue arabe, leurs datations assurées expliquent cet intérêt. D’ores et déjà, il est possible de comparer des folios du Coran et des inscriptions épigraphiques de date avoisinante. Le but est de combler certaines des lacunes qui existent actuellement dans notre compréhension des premières étapes du développement de l’écriture arabe et l’écriture des premiers coran.
Pour aller plus loin : voir notre bibliographie de/et notre compte rendu du livre de Yehuda D. Nevo, Judith Koren, Crossroads to Islam, The Origins of the Arab, Religion and the Arab State.
– Fred Donner: “The Historian, the Believer, and the Quran”
FD présente un certain nombre de théories qui tentent de reconstituer le contexte historique dans lequel le Coran serait apparu. Après un bref examen des forces et des limites de ces reconstructions, FD propose une réflexion plus générales sur les relations entre l’analyse historique et l’expression d’une foi révélée. Cette étude s’inspire d’une lecture de l’ouvrage de l’historien de la religion Van Harvey : "l’historien et le croyant". Il termine par un examen de l’incidence de ses propres réflexions sur une recherche sur le Coran et son contexte.
– Andrew Rippin: “Studies in Quranic Vocabulary: The Problem of the Dictionary”
Le vocabulaire du Coran pose de nombreux problèmes : comment définir les termes dans leur contexte d’inscription et élaborer un dictionnaire ? En explorant quelques exemples de mots potentiellement problématiques (bien que ceux de faible importance: par exemple, Baras, "la lèpre"; ṭalh ", acacias"), AR présente les approches utilisées dans quelques dictionnaires (Ambros, Badawi / Abdel Haleem , Zammit) et d’autres outils lexicographiques (en particulier la conception des listes d’Allard et Ambros). Plus précisément, AR réflechit aux interactions entre les sens proposés des mots et les contextes historiques supposés de leur signification.
Pour aller plus loin :
CHABBI Jacqueline, Le Seigneur des tribus, L’islam de Mahomet, Paris, Noêsis, 1997. (voir glossaire notamment et réflexion méthodologique)
– Fr. Sidney Griffith: “Al-Nasara in the Quran: Some Hermeneutical Reflections"
SG propose d’explorer les sens du terme "nasara" selon plusieurs perspectives : philologique, lexicale, contextuelle et sémantique. L’étude vise notamment à s’interroger sur l’identité du groupe humain auquel le terme nasara réfère. L’hypothèse défendue est que le discours élaboré du Coran tente de dénigrer la fausseté des croyances et pratiques religieuses d’arabe chrétiens dont l’héritage est culturellement et cultuellement syriaque. Enfin, l’exposé insiste sur la dimension herméneutique d’une telle enquête. En effet, le Coran s’inscrit dans un dialogue souvent polémique avec les écritures qui le précèdent. Cette situation le conduit à s’imposer lui même comme lieu d’intelligibilité des écritures anciennes tel un commentaire exégétique.
2. Approche interne et textuelle
– David S. Powers: “BNF 328a and the Mystery of al-Kalala”
Cet exposé propose une réfléxion sur le terme mystérieux de "Kalala" apparaîssant deux fois dans le Coran, d’abord au Coran 4:12 b et de nouveau en 4:176. DP propose de résoudre cette difficulté en se fondant sur l’examen d’un manuscrit du Coran de la Bibliothèque Nationale de France 328A écrit en écriture Hijazi (seconde moitié du 1er siècle H). Une analyse paléographique et codicologique indique que le squelette consonantique Q. 4:12 b a été révisée, de sorte que le sens du mot et du verset a subi une transformation radicale. Cette modification s’expliquerait dans une intention de clarification d’un verset initialement incomplet qui traite des règles contenues dans l’héritage (v. 11-12 de surat al-nisa). Ce problème a été résolu par l’ajout de la législation complémentaire à la fin de la surat al-nisa"-ce qui est maintenant Q. 4:176, le deuxième verset où le mot Kalala apparaît.
Pour aller plus loin :
CILARDO (Agostino), The Qur’anic Term Kalala: Studies in Arabic Language And Poetry, Hadit, Tafsir, And Figh, Notes on the Origin of Islamic Law, Edinburg, Edinburg University Press, ("JAIS Monographs"), 2005, 136 p. ISBN 9780748619160
– Gerd-R. Puin: “The Alif in Qur’anic Orthography: Vowel letters and ortho-epic writing variants”
G.R.P propose une recherche textuelle qui tente de suivre les évolutions de l’écriture coranique en se fondant exclusivement sur les manuscrits les plus anciens. Selon GRP, ce travail permettrait de comprendre l’existence de variantes principalement imputables, selon lui, à un "manque de précision d’écriture ou de compétence orthographique du aux scribes". Ces incohérences orthographiques disséminées dans l’édition égyptienne du roi Fu’ad seraient le résultat d’une réforme orthographique très ancienne mais inachevée et dont le corpus coranique serait le témoin. Cette hypothèse s’appuie notamment sur le fait que plusieurs types d’orthographe subsistent pour un même mot. C’est notamment le cas des lettres waw, ya et alif qui connurent des évolutions d’usage qui tentaient d’assurer - peut-on le supposer- la récitation fidèle du texte.
– Alford Welch: “The Significance of the Fawatih al-Suwar in the History of the Oral and Written Quran during the Lifetime of the Prophet"
L’exposé propose une réflexion autour des fameuses « lettres mystérieuses » (« Fawatih al-Suwar »). A. W. rappelle les difficultés inhérentes à la compréhension de ces lettres (absence d’un appareil critique du Coran, multiples et contradictoires tentatives d’explicitation par les islamologues et les exégètes classiques). Mais, selon lui, une lecture attentive dans leurs contextes immédiats (qui s’apparentent à une enquête sémantique), et s’appuyant sur les comparaisons avec les débuts des autres sourates, et l’analyse de l’usage coranique de termes clés dans les formules qui suivent immédiatement ces lettres donne des indications précieuses à leur sujet. A partir de ces éléments, A.W. parvient à la conclusion que ces lettres remontent à l’époque du Prophète et ont été probablement récitées par lui-même et qu’elles constituent des symboles de la langue arabe elle-même. Plus encore, l’analyse permet d’envisager ces lettres comme la trace d’une étape importante de l’histoire du texte coranique. En effet, ces lettres seraient le témoin du passage de l’oralité à l’écrit. Elles sont révélatrice d’une transition (postérieure à l’hégire de quelques années) entre ce qui est de l’ordre d’une récitation (qur’an) vers ce qui ressort d’un écrit (kitab).
– Manfred Kropp: “Tripartite, but Anti-trinitarian Formulas in the Quranic Corpus, Possibly Pre-Quranic”
A l’appui d’une critique textuelle et philologique, MK tente de reconstituer le sens originel de la sourate 112 (on pense notamment à la signification de l’hapax : samad). Dans la tradition islamique, cette courte sourate possède une signification centrale qui rappelle "l’essence même du message du Coran sur le caractère de Dieu". Mais cette tradition recèle nombre de singularités : dissension quant à son appartenance au corpus même du Coran, variations du texte, caractéristiques grammaticales et syntaxiques singulières. Mais l’application de la méthode et des règles de la critique textuelle invite à penser qu’il s’agirait d’une formule tripartite fortement anti-trinitaire. Le résultat de la reconstruction permet d’obtenir un texte plus concis qui respecte les contraintes de la rhétorique et de la grammaire arabe. MK conclut qu’il s’agirait peut être d’un slogan politico-religieux criés dans les rues de La Mecque contre des adversaires ou des opposants religieux, découlant d’un matériel pré-coranique. Ces éléments auraient été reçus et intégrés mais avec de profondes modifications dans le corpus coranique que nous connaissons aujourd’hui.
– Shawkat M. Toorawa: “Lone Words and Loan Words: An Inquiry into the Function(s) of Hapaxes, Quadriliterals and Other Such Curiosities in the Quran”
SM.T propose une réflexion sur la place de certaines singularités coraniques: hapax, racine quadrilitère, rimes coraniques. Soulignant le peu de travaux consacrés à ces questions et se proposant d’en faire un inventaire, SM.T propose l’hypothèse que les hapax sont présentes dans des circonstances caractérisées par l’émerveillement. SM.T discute également la manière dont le Coran choisit ses rimes en étudiant les chapitre 19 (Sourate Maryam), 55 (surat al-Rahman), et 76 (surat al-Insan).
– Munther Younes: “Angels, Death, the Soul, Stars, Bows—or Women?: The Opening Verses of Quran 79”
M. Y propose un réexamen et et une reconstruction des cinq premiers versets de la sourate 79. Comme pour la version reconstituée du Coran 100 (Arabica, vol. 56, n°2-3), et en s’appuyant sur la littérature du tafsir, les ouvrages lexicographiques et les mots empruntés à l’hébreu et au syriaque, il montre que le passage considéré fait référence non à une description de chevaux de bataille en cours ou de chameaux en route vers le pèlerinage mais de femmes impliquées dans des activités religieuses. L’intérêt de ce travail s’appuie notamment sur la réutilisation de la méthodologie "reconstructive" d’un pré-Coran initiée par Günther Luling.
3. Approche externe et comparative
– Devin Stewart: “The Quran in Light of Greek Oracular Texts”
DS rappelle que la recherche coranologique contemporaine s’est surtout intéressée aux rapports entre les communautés juive et chrétienne et le Coran lui-même. En revanche, l’influence de l’Arabie pré-islamique et ses traditions religieuses ont été relativement négligée, et ce, malgré les nombreuses références que l’on retrouve notamment dans de nombreux textes : le Coran (prophètes Hud, Salih, Shu’ayb), le livre des idoles d’al-Kalbi, le livre de la couronne d’al-Hamdani. Face à cette lacune, DS propose une autre approche qui propose d’examiner les expériences divinatoires d’autres traditions religieuses qui ressemblaient à la fonction de kahin. L’examen des oracles de la Grèce antique et des genres littéraires et conventions qui leur sont associés permet d’envisager sous un jour nouveau certains passages du Coran
– Joseph Witztum: “A Re-Examination of Surat Yusuf (Q 12)”
Le récit biblique de Joseph est raconté dans de nombreuses sources préislamiques juives et chrétiennes. JW tente de situer la sourate Yusuf en relation avec ces oeuvres antécédentes. Il tente également de mettre en lumière d’autres facteurs qui ont façonnés la singularité du récit coranique.
Pour aller plus loin : WITZTUM (Joseph), The foundations of the house (Q 2 : 127), Bulletin of the School of Oriental and African Studies , Volume 72, Issue 01, February 2009, p. 25-40.
Présentation transversale
(Version, ici, limitée au plan de la synthèse)
Cette analyse synthétique souhaite réfléchir, à l’aune des différentes contributions, aux multiples problématiques, méthodes, et orientations de recherche qui caractérisent la "coranologie" contemporaine. Nous envisagerons cette réflexion en abordant successivement les sources, les méthodes et les perspectives de cette recherche.
A. LES SOURCES
"Toute la science coranique sera contrainte d’oeuvrer sur un terrain très incertain aussi longtemps qu’un des réquisits fondamentales de son équipement lui fera défaut : une édition européenne du Coran qui corresponde vraiment aux exigences de la critique, de manière coopérative et concluante, pourvue de tout l’appareil historique, philologique et liturgique, et de celui qui est en usage en histoire des religions. A défaut toutes les recherches individuelles sur le Coran devront rester provisoirement des pièces rapportées" [1]
1. Les manuscrits
a. Le Coran (l’édition du Caire) et ses variantes de lecture.
b. Les manuscrits coraniques (Stewart, Puin)
c. Les manuscrits arabes chrétiens (Wild)
d. Les manuscrits syriaques (Luxenberg)
e. la tradition islamique
2. L’épigraphie (Hoyland, Hani)
a. Epigraphie anté islamique
b. Epigraphie islamique
B. LES METHODES
1. Analyse méthodologique et herméneutique
2. Analyse externe et comparatiste
3. Analyse interne et textuelle
C. LES PERSPECTIVES DE RECHERCHE
1. Coran et singularités textuelles
2. Coran et Antiquité tardive
a. Une reconstruction du Coran
en aval, en amont
Remerciements
Nous tenons ici à remercier Madame la Professeure Ghislaine Alleaume (directrice de l’IREMAM) de l’Université de la Provence qui nous a permis d’assister à ce rendez-vous international de tout premier ordre. Un grand merci à Monsieur le Professeur Gabriel Said Reynolds dont l’hospitalité et le dévouement auprès de ses invités furent sans failles. On ne serait oublier de remercier Madame Reynolds pour ses merveilleux Meze! Elf Sukrane.