L’auteur
Henri Lammens, jésuite belge, fut un éminent orientaliste. Né à Gand, en Belgique flamande, il rejoint la Société de Jésus à Beyrouth à l’âge de quinze ans, et s’installe de façon permanente au Liban. Au cours de ses huit premières années, il s’attache à maîtriser la langue arabe, ainsi que le latin et le grec. Son premier travail de bourse d’études a été un dictionnaire d’usage de la langue arabe (1889). Il commença sa carrière d’orientaliste à l’Ecole d’études orientales au Collège des Jésuites en 1907. Il publia une série d’études sur les Omeyyades, la période pré-islamique en Arabie. Il contribua par de nombreux articles à la première édition de l’Encyclopédie de l’Islam, ainsi qu’à diverses revues savantes.
Preface (extraits, p. V-VI)
Les pages suivantes reproduisent le texte des leçons publiques, professées à l’Institut biblique de Rome, pendant le printemps de cette année. Dans la troisième partie, « les Bédouins » (pp. 185-334). nous avons remanie la matière d’un ancien cours, donné à la Faculté orientale de l’Université de Beyrouth (1905). En livrant ce travail à l’impression, nous en avons conservé le jet primitif, la libre allure de la causerie, de la conférence, laissant subsister certaines allusions locales, les citations d’intérêt purement littéraire, les digressions et aussi les retours sur des sujets touchés précédemment.
Le Berceau de l’islam ouvre la série d’études, promises dans l’Avant- Propos de Fàtima et les filles de Mahomet. Le volume suivant traitera des populations sédentaires du Higâz. Ensuite nous nous proposons de reprendre, inshâ’a allâh, période par période et en suivant l’ordre chronologique, la vie du Prophète. Nous réunirons, sous un titre spécial et avec une numérotation indépendante, les fascicules consacrés à chacune de ces époques, jusque, et y compris, le coup d’état du Triumvirat, c’est à dire, jusqu’au lendemain de la mort de Mahomet. « Immense labeur », tâche de longue haleine ; pouvons-nous le dissimuler ? Mais, comme l’a deviné un bienveillant critique, "les fiches sont déjà prêtes, il ne reste qu’à les mettre en œuvre ».
Quoique sur plus d’un point cette préparation se trouve fort avancée, nous renonçons à supputer d’avance le nombre d’années et de volumes que réclamera l’exécution de ce plan. Nous traiterons chaque période comme un tout distinct, sans craindre les développements. Notre procédé sera donc plus monographique que biographique. L’ensemble — si nous devons en voir la fin —formera une nouvelle Vie de Mahomet.
Rome, fin Septembre 1913
Table des matières (p. 332-363, les grands titres)
I. LE CLIMAT DE L’ARABIE OCCIDENTALE
- L’arabie et la Province du Higaz. Délimitation de cette province
- Climat du Higaz. Température, pluie
- Réservoirs, bassins, étangs, vasques, "gadir"
- Le régime des eaux au désert. La salinité du sol. Les puits, les "hisa" , qualités de leurs eaux
- La fête de la nature. Cueillette des truffes. Flore du Higaz. Source et puits, classification
- Pâturages et flore. Les "nefoud". Territoires réservés
- Grands arbres. Arbres sacrés. Les "harra" et anciens volcans
- Le bois et les moyens de chauffage. Le bédouin et le feu. Bûcherons et charbonniers
- Le palmier au Higaz. Son utilité
- Domaines et exploitations agricoles
- La responsabilité du bédouin
II. LE CLIMAT DE L’ARABIE A-T-IL CHANGE ?
- Théories anciennes et modernes
- Notre description du climat, d’après les auteurs arabes. La valeur de leurs renseignements
- Le climat arabe convient à une société pastorale. Importance et diffusion du chameau. Tribus nombreuses. Introduction du cheval et de la vigne.
- Rigueur du climat arabe, sa tendance à empirer. Réaction des agents de reconstruction. Rôle de la pluie.
- Activité agricole des Juifs en Arabie. Conséquences désastreuses des explusions décrétées par Mahomet. Vitalité de la race arabe au 7. siècle
- Prospérité du Higaz sous les Omayyades. Extension des cultures
III. LES BEDOUINS
- Jugement d’ensemble sur le Bédouin. Ses qualités morales. Son individualisme, son courage douteux. La ténacité, sa qualité maîtresse.
- Le bédouin rebelle à l’idée d’autorité. Opposition entre ses aspirations aristocratiques et son milieu égalitaire
- La terminologie en usage pour désigner les représentants de l’autorité. Pas de protocole rigoureux
- Chez les arabes l’exercice de l’autorité entraîne surtout des charges. Rare ensemble de qualités qu’elle suppose
- Le sayyd doit être intelligent. La vertu politique du hilm. Importance de l’art oratoire.
- Nécessité de la fortune pour le sayyd. Il doit tenir table ouverte. La rançon du sang.
- Division de l’autorité. Multiplicité des sayyd. Opposition à leur pouvoir
- Chefs incontestés. Lutte de Mahomet et des premiers califes contre l’aristocratie bédouine. Le sayyd et la représentation extérieure de la tribu.
- La femme dans l’arabie ancienne. Promiscuité. Réaction aux environs de l’hégire.
- Importance de la condition maternelle. Ni escalve ni prisonnière de guerre
- Le chef doit posséder la maturité de l’âge
- Exclusion de l’hérédité et de l’idée dynastique. Le droit de primogéniture.
Conclusion